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Canon. De la Révolution dans l’R…

Après un premier article autour de l’annonce de l’EOS R5, je dégaine à nouveau le clavier pour compléter l’histoire d’une sortie qui promet ! 

En effet ! 10 ans après l’EOS 5D Mark II dont les singulières capacités vidéo ont marqué l’histoire du marché des boitiers photo, voilà que Canon semble sur le point de commercialiser le mirrorless le plus désirable du marché… Si le constructeur japonais tient les promesses qu’il adresse au fil de ses communiqués de presse, l’EOS R5 a tout pour remporter la mise !

UNE FUCKING FEUILLE DE SPECS !

Canon n’a pas mis longtemps à sérieusement compléter les deux premiers teasers qui ont officialisé le prochain EOS R5. On en sait désormais beaucoup plus, même si certaines informations clés manquent encore à l’appel.

Avant d’analyser plus globalement la situation, commentons ce que Canon a dévoilé à travers 3 événements presse… en 2 mois.

Les Spécifications de l'Eos R5 au 20 avril 2020

NOUVEAU CAPTEUR CMOS, NOUVEAU PROCESSEUR DIGIC

On peut débattre longtemps du marketing risqué ou de la vision étriquée de Canon vis à vis de la technologie embarquée dans ses appareils. Cependant,  on peut parfaitement imaginer que le développement enfin abouti de ce nouveau duo capteur-processeur soit à lui-seul à l’origine du double virage marketing et technologique de l’EOS R5.

Que ce soit du côté du capteur ou du processeur, ces deux-là imposent leurs limites en terme de rapidité de traitement notamment. Les recherches vont cependant bon train. Et là où la miniaturisation des puces semblait montrer ses limites il y a quelques années, chercheurs et ingénieurs  ont trouvé des solutions notamment en terme de gravure. Celle-ci atteint désormais un niveau de miniaturisation capable de transfigurer tous les aspects-clés du traitement : rapidité, montée en température et consommation d’énergie.

Canon se chargeant de développer son propre processeur, le fameux DIGIC, il semble que le constructeur ait peiné ces dernières années à atteindre les performances qu’il voulait attribuer aux appareils du futur. Un appareil haut de gamme comme le 1DX III doit faire appel à 2 processeurs dernière génération (1 DIGIC X et 1 DIGIC 8) pour piloter 20MP dans les hautes sphères de la photo sportive et animalière. L’Eos R, de son côté, crope sévèrement la 4K et dégrade ses hautes cadences.

Au centre, l’Eos R5. A gauche, l’Eos R. A droite, l’Eos RP.

Le R5 qui semble plus volumineux que l’Eos R prend-il assez d’embonpoint pour embarquer 2 processeurs ?

Canon ne dit pas si l’EOS R5 embarque un ou deux processeurs. Le volume du boitier, même s’il est un peu plus important que celui de l’EOS R, n’accueille certainement qu’un seul processeur DIGIC. Une nouvelle génération de puce qui serait donc capable seule d’en faire plus qu’une paire de DIGIC de la génération précédente ? Un DIGIC X aux performances mieux exploitées ? Et tout ça sans ventilateur pour refroidir l’incontournable montée en température dans un si petit boitier ? La réponse bientôt.

En attendant, Canon montre les muscles en affirmant faire en plein format ce que les constructeurs experts (Sony, Arri, Red, etc) font… en Super 35 !

DE LA 8K. EN VEUX-TU, EN VOILÀ ! OUI MAIS POUR QUI ?

On le sait officiellement depuis le 13 février dernier : l’EOS R inaugure l’arrivée de la 8K au sein d’un boitier plein format, hybrides et Reflex confondus. Les Panasonic S1H et Canon EOS-1D X III ne proposent « que » de la 6K (RAW en externe pour le S1H depuis la dernière mise à jour).

Dans un article du 21 février 2020, j’osais espérer que cette 8K ne soit pas là juste pour attirer le chaland à travers un joli sticker sur la boite. La réponse est non. La 8K annoncée est pour le moins prometteuse. En plus d’être plein format, elle est associée au fameux AF Dual Pixel. Bien. Elle n’exige pas d’enregistreur externe. Très bien. Elle est disponible en 4.2.2 10bit avec le profil Canon Log. Bravo ! Un tournage en HDR PQ est même proposé au menu. Cerise sur le gateau ? Une 8K RAW est disponible !

À 25im/s (30fps en NTSC), si le RAW soulagera sans doute le processeur, il chargera violemment le ticket des cartes mémoires ! Cette 8K ne pourra être stockée que sur la carte CFexpress, seule à pouvoir encaisser le débit nécessaire. Pour info, la vidéo RAW 5,5K 50 im/s 12 bits à 2,6 Gbit/s du EOS-1D X III balance 325 Mo de données chaque seconde sur la carte ! Soit presque 20 Go la minute… On  retiendra avant de se lancer tête baissée qu’une carte CFExpress de 512 Go qui accueille un peu plus de 25 minutes d’images à un tel débit, coûte entre 550 et 1 200 euros !

Le tarif des cartes CFexpress, seules capables d’encaisser les débits de la 8K, explose littéralement par rapport aux cartes SD.

Cartes CFexpress Amazon

Le constat pose en tout cas la question du stockage externe que canon a pris soin d’éviter jusque-là. La 8K est annoncée en interne mais rien ne dit si l’enregistrement en externe est possible.

Cela nous amène à la conclusion suivante : la 8K, si elle est le signe d’une belle performance technique aux yeux du plus grand nombre, sera en revanche réservée aux projets les plus haut de gamme ! Court-métrage, publicité, fond vert, truquage, etc. D’autant qu’en post-production, la gestion de cette 8K risque de mettre à genoux la plupart des machines que les vidéastes, même exigeants, ont à leur disposition. Et je ne parle pas du nouveau codec h265 dont le traitement laisse certaines configurations informatiques sur le carreau.

Cette 8K est donc un signal fort de Canon à l’attention du marché mais n’intéressera pas la très grande majorité des clients potentiels…

UNE 4K QUI CHANGE LES RÈGLES DU JEU !

On l’aura compris, c’est bien la très séduisante 4K de cet EOS R5 qui bouscule l’état de l’art !

Sur le papier, pour le moment, la 4K de Canon est un vrai bonheur. Un bonheur décuplé par des années d’incompréhension de la part d’utilisateurs frustrés par l’apparente absence de « stratégie post-Eos 1Dc » concernant ce format très haute définition…

C’est du passé ! Portons notre attention au présent. Voilà enfin une 4K sans crop nous dit Canon. Une 4K plein format qui ne fera pas passer l’angle de vue d’un 16-35mm pour celui d’un 28-60mm ! Ouf !

Eos R5 et ses objectifs

Canon n’est pas seulement en mode « rattrapage de concurrence » puisque le constructeur a surpris son monde en annonçant une 4K  4.2.2 10bits C-Log en interne jusqu’à 100im/s (120fps en ntsc). Les plus hautes fréquences d’images offrant même le Dual Pixel. Mine de rien, cette dernière info est une bombe !

On en revient au processeur dont Canon dispose. C’est sans doute ses performances exceptionnelles et son optimisation aux petits oignons qui affranchissent l’Eos R5 de toutes les limitations comme la perte de l’AF dans les hautes cadences, le crop en 4K ou encore la dégradation de la qualité de l’image à 120fps.

Tandis que la 4K DCI plein format ravira les réalisateurs de fictions et de documentaires, les hautes fréquences d’acquisition combleront elles les amateurs de sport, de b-roll et autre teaser de voyage.

Et gare aux Sony, Panasonic, Fuji et Nikon qui sont soudainement distancés par les specs 4K du R5. Chez Sony, le 120fps impose le 1080p tandis que le Panasonic S1H limite la 4K à 60fps. Idem pour l’Eos-1D X mark III qui prive le vidéaste du Dual Pixel dans cette configuration… à moins de passer dans un mode cropé !

Enregistrement en externe

C’est sur le seul point de la 4K que Canon évoque un enregistrement en externe. Cette 4K pourra transiter vers un moniteur-enregistreur via la sortie HDMI de l’appareil jusqu’à 60fps. Les utilisateurs de ce type d’écran auront ainsi accès à un encodage différent (ProRes et autres) et à leurs outils de monitoring habituels (waveform, false Color, Lut, zébra, focus peaking, etc). Ces outils sont-ils prévus en interne ?

Quelques inconnues quand même concernant la 4K : l’IBIS sera-t-il fonctionnel à toutes les fréquence d’images ? Quid du son à 100im/s ? Car enfin, il faudra bien quelques concessions histoire de soulager le processeur non ? Enfin, point de RAW annoncé pour la 4K… pour le moment.

Non ! L’Eos R5 ne cannibalise pas la Série C

Plein format, 8K, 4K 120fps, etc. Cet Eos R5 en met plein la vue. On entend déjà certains Cassandre anticiper les mauvaises surprises qui permettront à Canon de protéger sa gamme cinéma (C100, C200, C300, C500, C700) du risque de cannibalisation. Par « mauvaises surprises », entendez « limitations » et autres « verrouillages »  qui rendraient l’Eos R5 frustrant.

Pourtant, quelles que soient les sophistications de ce boitier hybride, les caméras de la gamme C garderont pour elles une dynamique unique, une ergonomie incomparable (1 bouton = 1 fonction,…), une partie son incontournable chez les professionnels (XLR), des sorties vidéo non moins indispensables en studio,  un écosystème sans égal (du rig épaule aux extensions en passant par la gamme d’optiques type ENG) et une autonomie qui s’adapte à tous les projets (V-Lock,…).

H265. RETOUR VERS LE FUTUR !

C’est bien sûr le codec successeur du h264. Plus performant sur la qualité  et l’efficience de la compression, le h265 fait gagner 30 à 60% d’espace disque par rapport au h264. L’efficacité du h265 est d’autant plus forte que la résolution est élevée.

À la lecture des paragraphes précédents, vous en comprendrez l’intérêt dans l’EOS R5. D’autant que si le h264 suffit encore à la 4K, il est incompatible avec le mode HDR et sous-dimensionné pour la 8K. Alors croisons les doigts pour que ce codec nouvelle génération fasse des miracles pour maintenir les fichiers 4K à 120fps dans des volumes de données raisonnables qui laisseront à la carte SD une chance d’être utile. Et louons Canon de se tourner vers un codec d’avenir capable de se dépatouiller avec 300 images à la seconde.

Le h265 est bien l’avenir de l’encodage/décodage vidéo. Pour autant, ce codec n’est pas encore adopté par toute l’industrie. Si DJI l’a incorporé depuis longtemps en sortie de petits capteurs, Sony se préparerait à l’implémenter au coeur de ses futurs A7IV et A7SIII. Le Fuji XT-3 (aps-c) le propose déjà dans certaines configurations. Canon l’a installé dans le 1Dx mark III pour qu’il s’impose dès lors que le C-Log est activé.

En contrepartie, le h265 demande des ressources supérieures que ce soit à l’encodage au moment du tournage ou au décodage lors du montage.

Pour ce qui est de l’encodage, peu de machines s’y collent aujourd’hui. Et encore moins en sortie d’un capteur de 45MP à 120 images chaque seconde. Cet Eos R5 est décidément étonnant.

C’est indéniable, l’EOS R5 mise beaucoup sur le domaine vidéo. Les 3 communiqués de presse publiés en 2 mois y sont consacrés dans leur quasi-totalité ! Un boitier vidéo de ce niveau laisse penser que l’utilisateur pourra choisir le h265 ou… le h264.

Cette souplesse est loin d’être tabou. Elle est en effet proposée par l’Eos-1D X mark III.

IBIS + IS. UN DUO D’ENFER

C’est le 13 février, lors de la première annonce officielle de Canon, qu’on a appris la confirmation de l’IBIS sur l’EOS R5. Depuis, on a également la certitude que cet IBIS fera bon ménage avec la stabilisation disponible sur les objectifs estampillés IS, que ce soit dans la série EF ou RF.

IBIS Canon

L’association de ces deux stabilisations physiques fait de véritables miracles. Etant passé du GH4 au GH5, j’ai moi-même expérimenté la plus-value d’un tel duo. Avec un peu d’entrainement, ce dernier autorise la réalisation de plans parfaitement stables sans s’encombrer d’un trépieds. J’en ai d’ailleurs fait une vidéo intitulée « 6 secrets pour des plans stables à main levée ». 

Personne n’a encore vu le résultat obtenu par Canon. Mais la qualité bluffante de la stabilisation intégrée aux optiques IS laisse imaginer de grandes performances. Il y a quelques semaines, j’ai testé un tournage à main levée à 200mm avec un EOS R (dépourvu d’IBIS) flanqué d’un EF 70-200mm IS f/2.8. Je trouve le résultat satisfaisant.

Enfin, grâce à l’IBIS, les nombreux et non moins excellents objectifs EF et RF dépourvus d’IS pourront tout de même autoriser une image stable.

CFexpress & SD UHS-II. FIN DU DÉBAT.

L’EOS R5 accueille 2 emplacements dédiés au stockage des données. Voilà le point final au débat sans fin suscité par l’unique slot SD de l’Eos R. Dès l’annonce de la 8K en février, on se doutait que le format SD, même dans sa version UHS-II aurait peine à en assumer les débits.

Emplacements cartes Eos R5

La carte CFexpress sera mise à contribution pour la 8K 30fps, la 4K 120fps et peut-être même pour la 4K à 60fps. On ne sait pas si un enregistrement performant sur la carte CFexpress autorisera l’enregistrement de proxy sur la carte SD (comme sur l’Eos-1D X III). Côté photo, on peut également imaginer que le format CF s’imposera dès lors que le RAW filera à 12im/s !

Comme dit précédemment, le coût du stockage risque de flamber. Nous ne connaissons pas encore les débits avec lesquels on va pouvoir « jouer » mais c’est évident, quand on parle « 4K 120fps » ou « 8K RAW » mieux vaut anticiper l’achat de cartes 256 Go ou 512 Go. Et là, c’est le choc : Une carte SD-UHS II 512 Go assurant un débit de 300MB/s coûte environ… 400,00€ ! Quant à la version CFexpress, pour 512 Go, c’est entre 550 et 1 200,00€ !!

Cette logique tarifaire est peu ou prou la même en ce qui concerne la post-production. Le h265 fait des prouesses en terme de compression. Mais les débits qu’autorisera l’EOS R5 risquent tout de même de gonfler très sérieusement les besoins en espace disque… du tournage au montage.

STOCKAGE DANS LE CLOUD

Disons un mot du Cloud offert par Canon. L’espace nommé image.canon est censé accueillir photos et vidéos générées par l’Eos R5 (et futures itérations de la gamme R) en qualité originale. Une nouvelle prouesse qui doit être atteinte grâce à un Wifi émettant sur la bande de fréquence la plus puissante, celle des 5GHz.

image.canon - le cloud Canon

On ne sait pas quelle génération de Wifi Canon a choisi pour son boitier. On imagine qu’il s’agit au bas mot du Wifi 5 (ac) et au mieux du Wifi 6 (ax). Tous les deux sont compatibles avec la bande de fréquence des 5GHz (portée faible mais débit puissant) mais ils n’offrent pas la même qualité de débit. Le Wifi 5 offre un débit théorique de 2 166Mb/s avec une portée faible. Le Wifi 6 offre un débit théorique de 10 530Mb/s avec une portée encore plus faible.

Dans tous les cas, la réalité du terrain divise quasiment par deux ces valeurs. On aurait donc au mieux un débit de 1Gb/s pour du Wifi 5 (ac) et 5Gb/s pour du Wifi 6 (ax). Pour peu qu’on soit près du routeur et que le nombre d’antennes soient optimisée tant du côté du boitier que du routeur, cela laisse penser que la promesse d’un transfert en qualité originale est possible dans un délai raisonnable.

L’EOS R5 EST-IL UN APPAREIL PHOTO ?

C’est une question surprenante mais légitime à la lumière des 2 derniers communiqués de Canon.

Que ce soit la mise au point du 13 mars 2020 ou le nouveau teaser du 20 avril dernier, il n’y en a que pour la vidéo ! Et pourtant, avec ses 45Mpx et ses rafales de 12 à 20im/s, l’EOS R5 annonce des performances photo assez inédites pour un hybride « orienté vidéo » ! Pour comparaison, l’Alpha 9 de Sony offre une rafale de 5im/s (obturateur mécanique) à 20im/s (obturateur électronique). Le Canon EOS-1D X mark III qui est un Reflex, offre de son côté de 16im/s à 20im/s selon le type d’obturateur. L’Eos-1D X II : 12 à 20im/s.

Ces trois appareils haut de gamme ne proposant ces performances qu’avec un peu plus de 20Mpx au capteur !

Là aussi, attention aux performances nécessaires en production et en post-production ! Le traitement d’une volée de RAW à 45Mpx par photo réclame quelques ressources non négligeables (env. 80Mo le fichier) : des cartes performantes (chères) et des ordinateurs à la hauteur. Les propriétaires de Sony A7RIII en savent quelque chose !

Joystic et roue crantée Eos R5

Eos R5 : Retour à une ergonomie éprouvée avec l’apparition d’un joystick pourfendeur de « barre tactile » et une grosse roue crantée…

Les performances encore théoriques du R5 sont associées à un AF Dual Pixel soutenu par une reconnaissance des animaux (chat, chien, oiseau). Le suivi des humains est assuré par la reconnaissance des yeux, de la face et de la tête.

Information importante : Le suivi AF des animaux est une fonction disponible en vidéo (on imagine qu’elle est présente par défaut en photo). Canon ne l’avait pas précisé jusqu’à la conférence de presse en ligne du 20 avril dans laquelle ce suivi a enfin été associé au terme « filmmaker ».

Mode suivi des animaux Eos R5

Le mode suivi des animaux de l’Eos R5 innove avec la reconnaissance des yeux, de la tête et du corps des chats, chiens et oiseaux…

Bref ! L’Eos R5 semble être un appareil photo haut de gamme ! C’est Canon qui, pour le moment, le positionne comme un appareil vidéo très performant destiné avant tout aux vidéastes. Et ce n’est pas un hasard si c’est par opposition à l’Eos-1D X II/III qui est présenté comme la crème des appareils photo tout en étant par ailleurs une excellente caméra…

Encore une fois, toutes ces caractéristiques Photo sont celles que Canon met en avant et seul un test confirmera les limites du discours commercial. Rolling shutter, délai,… tous ces petits défauts de l’obturateur électronique ne révèleront éventuellement leur existence qu’à travers de vraies prises en mains…

FONCTION HDR

On ne sait pas très bien comment sera décrit ce mode. Est-ce qu’il est comparable au Hybrid Log Gamma (HLG) déjà proposé par Sony et Panasonic ? 

Il sera sans doute réservé à des conditions particulières de tournage. Celles nécessitant une très grande plage dynamique. Mais la HDR parle peu car peu d’écrans l’accueillent et même sur ceux qui proposent ce profil, encore faut-il le sélectionner dans les Menus…

LES GRANDES INCONNUES

Avec 3 communiqués de presse en 2 mois, Canon tient sans aucun doute la communauté des filmmakers en haleine. Les rumeurs envisagent une disponibilité de l’appareil cet été, voire cet automne mais estiment que toutes les spécifications de l’EOS R5 seront dévoilées courant mai 2020.

En attendant, certaines informations manquent. Il faut bien en garder pour mai, me direz vous.

Parmi les infos absentes on trouve :

  • Le prix. Une chose est sûre, il sera élevé. Totalement inconnu, il pourrait être fixé sous la barre des 5 000,00€ boitier nu. Le prix fort, assez incomparable avec la concurrence, s’explique par le saut technologique sans précédent proposé par Canon.
  • Les temps d’enregistrement vidéo n’ont pas été communiqués. Et pour cause ! C’est l’un des paramètres qui pourra limiter les dégâts collatéraux engendrées par les monstrueuses performances annoncées. La montée en température du capteur, la saturation du processeur ou la consommation excessive d’énergie pourront être contenues par des limites d’enregistrement qui pourraient être sévères.

Concernant les cadences d’images gourmandes en ressources, il faut s’attendre à des temps d’enregistrement courts. 30 minutes pour la 4K à 60fps ? 10 minutes pour la 8K et la 4K 120fps ? Ces quelques exemples seraient raisonnables. La 8K, réservée à la fiction ou à la publicité, n’exigerait que des plans courts de quelques minutes (5 minutes suffiraient peut-être). Les ralentis, utiles pour le sport, les teasers, les b-roll de mariage, les pubs, et autres clips n’exigent pas de longs plans non plus. Restent l’événementiel, l’interview, le documentaire et le reportage qui se reposeront sur des cadences d’images plus raisonnables.

  • Parmi tous les frame rates généralement disponibles sur un appareil performant, l’un d’entre eux brille par son absence : le 24 im/s ! C’est pourtant la cadence qui permet de se rapprocher au mieux de l’image cinéma tant recherchée par les vidéastes. Sans doute une « feature » réservée à l’annonce finale…
  • Rien ne dit pour le moment s’il sera possible de dégrader la qualité de l’encodage. Et si oui, dans quelle mesure. On a bien un codec dernier cri h265 mais pourra-t-on s’affranchir de ses exigences techniques (voir plus haut) en passant au h264 ? L’Eos-1D X mark III l’autorise ! Enfin, Quid du 4.2.0 8bits ? 
  • L’enregistrement en externe a été évoqué jusqu’à la 4K 60fps. Limitation du HDMI oblige. L’usage d’un moniteur-enregistreur est acté. Mais on rêve bien sûr du support du SSD via l’USB-C comme sur une Blackmagic 4K ou 6K. On ne sait pas non plus quels codecs et formats seront éligibles à l’enregistrement externe…
  • On ne sait pas si le son sera enregistré dans les modes ralentis. On imagine qu’à 100im/s, l’enregistrement du son risque de passer à la trappe.
  • Restons un instant sur le ralenti. Canon annonce du 120fps en 4K. Mais on imagine qu’une cadence encore supérieure pourra être sélectionnée en 1080p. Allez ! On mise sur du 240fps en full HD.
  • Aucune information sur le 1080p. Avec une étiquette 8K, la FHD fait un peu dépassée…
  • Aucune information concernant les outils d’aide à l’image : waveform, focus peaking, false color, vectorscope, etc. Seule la fonction zébra, dévoilée accidentellement au cours d’une prise en main vidéo retirée depuis de YT, a fait une apparition au coeur des Menus de l’EOS R5. Ces fonctions-là sont historiquement réservées à la série Cinema de Canon.
Le mode zebra de l'Eos R5

Cette capture est issue d’une vidéo de prise en main autorisée mais manifestement un peu trop indiscrète… Révélant le mode zébra de l’Eos R5, elle a été retirée de Youtube depuis.

  • Un vrai HDMI ? On peut rêver. La prise HDMI d’un appareil comme l’Eos R5 mériterait d’être au format standard et non dans une forme miniaturisée, pour une meilleure résistance.
  • Le Bit Depth du RAW n’a pas été annoncé. L’Eos-1D X III propose du RAW 12bit.
  • L’autonomie de l’appareil sera dévoilée au dernier moment. C’est un point d’inquiétude car la 8K, comme les cadences élevées de la 4K, vont violemment solliciter la batterie dont on sait qu’elle devra être logée dans le même espace que l’EOS R. La batterie devrait donc être identique aux habituelles LP-E6N. L’achat d’un grip accueillant un duo de batteries risque de s’imposer dans certaines circonstances !
  • Canon va-t-elle soumettre l’Eos R5 à la taxe sur les disques durs afin de faire sauter la limite d’enregistrement des 30 minutes ?

CONCLUSION

Avec cet Eos R5, Canon dévoile le fruit d’un projet assez extraordinaire : un nouvel écosystème qui repose sur une nouvelle gamme d’objectifs présentée fin 2018 aux côtés de l’Eos R, une nouvelle monture RF et une nouvelle catégorie de boitiers hybrides qui promet un saut technologique sans précédent.

On peut se demander quel effet cet Eos R5 aura sur le marché. Au regard du choc généré par les annonces très bien orchestrées par Canon, on aime comparer ce R5 au 5D mark II en son temps. Le fabuleux destin vidéo de l’Eos 5D II n’était cependant pas calculé… en tout cas pas à la hauteur du signal qu’il a fini par laisser dans l’histoire des boitiers vidéo.

L’Eos R5, en revanche, est le fruit d’une stratégie volontariste censée « secouer l’ensemble du marché des hybrides » (Richard Shepherd, Senior Marketing Manager). L’impact sera d’autant plus fort sur le secteur de l’image que Canon y tient une place à part. En dehors de son rang de leader mondial, la marque japonaise possède un taux de notoriété très élevé dans toutes les couches de photographes et vidéastes, des débutants aux plus grands réalisateurs. Cette double spécificité va décupler l’effet R5 et servir de tremplin à la concurrence… dès que celle-ci proposera un appareil comparable. 

En photo comme en vidéo, si les résultats de cet Eos R5 sont à la hauteur de sa feuille de spécifications, on peut d’ores et déjà affirmer que la mission est accomplie, d’un point de vue technologique du moins. On attend la réponse de Sony… et des autres.

PETIT TOUR D’HORIZON DE L’EOS R5… DE PRÈS

Canon : une communication de la terreur ?

Il doit y avoir un peu de tension dans les rangs de Sony, Panasonic, Nikon et compagnie ! La réponse ne doit pourtant pas tarder. Ce n’est que spéculation mais Sony dispose d’une fenêtre de tir le 30 avril 2020, date à laquelle la marque organise un événement prévu au départ pour un NAB Show annulé depuis.

Cette conférence est normalement dédiée aux produits professionnels mais alors que Canon distribue ses attaques, la prise de parole de Sony pourrait être l’occasion d’évoquer des A7SIII et A7IV qui se font attendre.

Le culte du secret a plutôt tendance à régner dans l’univers des boitiers photo/vidéo comme dans d’autres domaines technologiques d’ailleurs. La stratégie de Canon est de ce point de vue assez étonnante… et terriblement efficace. Ce changement de communication est un signe de grande confiance qui ne doit pas rassurer la concurrence.

Chez Canon, on a peut-être trouvé le moyen d’offrir ce que personne n’espérait et du même coup de quoi inverser des courbes de ventes et de CA mal orientées depuis des années. C’est heureux.

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