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J’ai testé la vidéo sur l’iPhone 13 Pro !

En septembre, Apple dévoilait ses iPhone 13 et 13 Pro à l’occasion d’une keynote qui a largement mis l’accent sur les capacités vidéo du nouveau smartphone Pommé. 

Je ne reviens pas ici sur les caractéristiques vidéo et photo que j’ai détaillées dans un post du 15 septembre.

Ces quelques lignes sont dédiées au retour d’expérience que je peux partager avec vous maintenant que j’ai réalisé les 2 tests que j’avais en tête.

TEST 1 : LA CAMÉRA PAR DÉFAUT

Dès la sortie de la boîte, j’ai mets en place un petit dispositif de tournage afin de tester l’application qu’Apple propose par défaut pour la vidéo. Le contexte (fictif) est simple : un artisan boulanger me demande de mettre en scène sa babka chocolat façon « foodporn ».

Dispositif

  • iPhone 13 Pro
  • Application Caméra
  • 1 pieds Joby GorillaPod 3K
  • 1 plateau tournant
  • 1 planche à découper en bois
  • 1 fond noir
  • 1 lampe Led Falcon Eyes 48W
  • 1 lampe Led Falcon Eyes 28W
  • 1 lampe mini Led Aputure Al-m9
  • 1 Babka au chocolat

LE TOURNAGE. 4K 24im/s

L’application proposée par défaut sur l’iPhone 13 Pro n’évolue que très peu par rapport aux modèles précédents. On ne peut toujours pas prendre la main sur la température de couleur ni la vitesse du shutter ou encore sur les ISO… Ne parlons même pas du codec, de la profondeur des couleurs ou du débit moyen…

On peut tout juste choisir une cadence d’images (24, 25, 30, 120, 240 im/s  et une résolution (1080p, 4K). On peut quand même prendre la main sur la mise au point qui est associée à un curseur jouant sur la « luminosité » de l’image. Enfin, on a accès à 3 focales (ultra-grand angle, grand angle et téléobjectif) avec, et c’est nouveau sur l’iPhone 13 Pro, un mode macro qui permet une mise au point à 2cm du sujet.

LE MONTAGE

En post-production, je n’interviens pas sur la balance des blancs et je me contente d’améliorer la dynamique en poussant les hautes et basses lumières à leur extrême respectif.

Je ne retouche pas les couleurs mais j’ajoute tout de même une légère LUT afin d’obtenir un aspect plus « cinématographique ». Je mets ce dernier adjectif entre guillemets car au premier coup d’oeil, c’est bien le piqué, la brillance et le manque de naturel qui retiennent mon attention. Avec la lumière en abondance et la cadence d’images à 24im/s, on imagine que le shutter (à la valeur inconnue) a dû monter dans les tours pour éviter la surexposition. Résultat : l’image est très piquée, le flou de bougé est totalement absent. L’ensemble manque de naturel… On n’obtient pas la caractère organique offert par le flou de mouvement caractéristique d’un obturateur réglé à 180° (1/48ème ou 1/50ème de seconde pour une cadence d’images de 24im/s).

Pour « compenser » un peu le phénomène, je ralentis la séquence grâce au mode flux optique de FCP X. C’est mieux mais il n’y a pas de miracle… 

ET MAINTENANT, LE RÉSULTAT !

Oui ! Sur les 3 plans de la séquence, l’un a été tourné en mode macro. Il nous plonge au coeur de la babka et ça fonctionne ! Avec l’iPhone 13 Pro, on dispose d’un objectif macro qui autorise quelques plans originaux. Dans sa démonstration de keynote, Apple l’avait mis en avant avec un plan de piano très réussi.

CONCLUSION DU TEST 1

Le résultat est satisfaisant. Je reconnais avoir été un peu sévère dans le paragraphe qui précède la vidéo 🙂

En réalité, un professionnel peut parfaitement créer des contenus destinés à ses réseaux sociaux en se contentant des fonctions vidéo par défaut de l’iPhone 13, que ce dernier soit Pro ou pas. Certes, on ne récupère pas l’aspect cinématographique offert par le grand capteur, les optiques et les réglages fins d’un appareil dédié mais est-ce vraiment nécessaire pour une vidéo de quelques secondes publiée sur Instagram ou Facebook ? 

La bonne surprise vient du mode macro qui est disponible sur l’objectif grand angle. Il suffit de s’approcher très près du sujet pour que ce mode s’enclenche. Alors que sur un appareil professionnel classique (caméra, appareil hybride,…), l’ajout d’un objectif dit « macro » est indispensable pour ce type de prise de vues, ici, tout est intégré par défaut. On peut évidemment compléter son iPhone avec les « optiques macro » que des fabricants tiers proposent à la vente mais on perd alors la polyvalence, la discrétion et la souplesse du « tout intégré » !

TEST 2 : TOURNER EN PRORES

Pour cette seconde phase, je complète l’iPhone de quelques accessoires afin de me rapprocher de l’image obtenue avec un appareil de type hybride à grand capteur.

Le contexte : rapporter les images d’une promenade dans les rues de Londres.

Dispositif

  • iPhone 13 Pro
  • Application FiLMIC Pro
  • Cage et poignées SmallRig
  • Filtre Nd variable Sandmarc

Petit point sur les accessoires

FiLMIC Pro

L’application FiLMIC pro, bien connues des vidéastes mobiles, autorise le débrayage total de l’appareil. L’utilisateur prend ainsi la main sur les réglage-clés de l’appareil : cadence d’images, vitesse d’obturateur, ISO, balance des blancs, mise au point, résolution, encodage, stabilisation, etc.

Mon avis sur FiLMIC Pro

L’application connait un succès mérité. En plus de donner accès aux réglages manuels, elle offre un profil d’image plat (Log) qui autorise une plage dynamique plus large (+1 à 2,5 stops selon FiLMIC Pro) et une plus grande liberté colorimétrique.

Si vous désirez contrôler la qualité de votre image, celle du point, celle de la balance,… vous devez en passer par une application comme FiLMIC Pro. Très utilisée à travers le monde, l’application est associée à une grande quantité de supports, que ce soit sur le web (forums, groupes d’entraide,…) ou sur Youtube (tests, Tutos,…). 

Au moment où j’écris ces lignes, FiLMIC Pro est de surcroit la seule solution pour accéder au ProRes, ce codec ultra souple au montage qui est une exclusivité de l’iPhone 13.

Lors du tournage, quelques bugs (arrêt inopiné de l’enregistrement au bout d’une seconde) m’ont obligé à refaire une prise ou deux. Mais rien de grave… dans ce contexte en tout cas.

Le filtre Nd variable Sandmarc

Avec une cadence d’images fixée à 24im/s et un obturateur réglé à 180° (1/50ème de seconde dans ce cas), la prise de vues en extérieur impose l’usage d’un filtre Nd capable d’atténuer la quantité de lumière qui frappe le capteur. Sinon, c’est la surexposition assurée ! 

Lors du test, l’iPhone 13 Pro n’ayant que quelques jours d’existence, aucun filtre dédié n’est disponible. J’opte donc pour un filtre Nd variable de chez Sandmarc. Une pince qui vient recouvrir les objectifs. Le modèle en question est compatible avec l’iPhone 12 pro Max ce qui le rend adaptable aux protubérantes optiques de l’iPhone 13 Pro…

Mon avis sur le filtre Nd variable Sandmarc

C’est la seule solution quand on désire préserver un flou de bougé naturel dans l’image et un aspect organique du sujet. À 24im/s, le shutter réglé à 1/50ème de seconde laisse entrer trop de lumière.

Il existe des filtres Nd chez différents fournisseurs parmi lesquels on trouve Moment, Beastgrip ou Sandmarc. Ce dernier propose une pince qui ne nécessite pas de housse spécifique. Le filtre vient pincer les objectifs directement sur l’appareil. 

l’inconvénient, c’est qu’il faut parfaitement placer l’accessoire pour éviter l’apparition de reflet sur l’image. Un exercice d’autant plus difficile avec l’usage d’un filtre prévu pour un modèle précédent d’iPhone ! Autre écueil : il faut recentrer le filtre à chaque fois qu’on change de focale. Et oui ! Sur l’iPhone, chaque focale est fixe et associée à un capteur autonome.

La cage SmallRig

On peut parfaitement faire ses prises de vues avec l’iPhone en main. La stabilisation, qu’elle soit physique ou numérique, est très efficace pour compenser les bougés involontaires.

L’usage d’une cage permet néanmoins d’éliminer les interactions de corps avec l’appareil pour rendre impossible tout frottement, à-coup et autre micro-vibration… L’ajout de poignées latérales améliore quant à lui la prise en main pour des mouvements plus fluides.

Enfin, l’ensemble est prêt à accueillir des accessoires qui peuvent s’avérer indispensables selon le contexte : micro, lumière d’appoint, etc.

cage smallrig

Mon avis sur la cage SmallRig

Si la marque chinoise a commencé avec du matériel pas toujours qualitatif, il faut reconnaitre que les temps ont changé ! SmallRig propose une gamme très large d’accessoires dédiés à la vidéo. Et force est de constater que la qualité est là.

C’est le cas pour cette cage dédiée à la vidéo sur mobile. Elle semble solide. Elle est légère. Les poignées sont agréables même après une longue prise en main.

Seul bémol après un premier tournage : le système de serrage sur l’appareil se révèle très approximatif si on laisse une housse PVC (marque Apple) sur le smartphone. Le vidéaste sera ainsi bien inspiré d’installer son iPhone nu dans la mâchoire de la cage. Dans ce cas, le maintien semble parfaitement sécurisé…

ET MAINTENANT, LE RÉSULTAT !

CONCLUSION DU TEST 2

Oui ! Il y a de l’aliasing sur les textures complexes. Oui ! Les ombres bruitent quand la lumière manque. Mais globalement, le résultat est bon. Visionné sur un écran de smartphone ou sur celui d’une tablette, la qualité perçue peut largement faire oublier que les plans ont été filmés avec le minuscule capteur d’un iPhone. Surtout sur les plans fixes ! On peut donc parfaitement imaginer le tournage d’une interview avec l’iPhone 13 Pro sans que cela ne saute aux yeux de qui que ce soit !

Le tournage a été un plaisir. L’appareil, pourtant affublé de sa large cage, reste petit et léger. L’avoir en main durant plusieurs heures ne m’a pas du tout dérangé.

J’ai pu choisir de tourner en 4K ProRes 24im/s avec un débit max à 735Mbs. FiLMIC Pro autorisant le choix parmi 4 variantes du ProRes selon le débit désiré.

Quant au montage, réalisé sur FCP X (MacBook Pro 15’, 2016. Core i7 4 coeurs, 16Go de mémoire + Radeon Pro 460 4Go pour la partie graphique), ce fut un bonheur de fluidité.

Sur certains plans, j’ai regretté de ne pas avoir pu tourner dans un profil Log (incompatible pour le moment avec le ProRes dans FiLMIC Pro) qui m’aurait sans doute permis d’avoir une plage dynamique un brin plus large.

GROS FICHIERS. GROS TRANSFERTS

Si le montage s’est parfaitement déroulé, on ne peut pas en dire autant… du transfert des médias. Il n’y a pas eu de bugs à proprement parler mais les fichiers générés par l’iPhone en ProRes 422 HQ étant énormes, les temps de transfert ont créé un goulot d’étranglement dans le workflow !  Voici quelques exemples de fichiers associés à leur poids :

  • Fichiers 1 : 14s = 1,08 Go
  • Fichier 2 : 30s = 2,29 Go
  • Fichier 3 : 51s = 3,9 Go

Concernant les transferts, je les ai effectués en Wifi par paquet de 5 fichiers.

Ci-dessous, j’inscris quelques exemples :

  • 4min de transfert pour 7,5Go de vidéo
  • 5min 12s de transfert pour 7Go de vidéo
  • 8min de transfert pour 9Go de vidéo
  • 27min de transfert pour 17Go de vidéo

MON AVIS SUR L’iPHONE 13 PRO

L’iPhone ne remplace pas encore un appareil doté d’un capteur micro 4/3, Super 35 ou plein format. Les Panasonic GH5, Sony A7 III et autre Canon R3 ont encore de ce point de vue une belle avance.

Le « retard » de l’iPhone est particulièrement visible dans les mouvements de caméra : tandis que les travelings latéraux/verticaux et les panoramiques vibrent sensiblement plus, les artefacts se font sentir lorsque la scène est complexe ou un peu sombre.

De mon expérience, je retiens que le résultat est bluffant de qualité si la lumière est abondante, que l’action est simple et que le mouvement de caméra est lent voire absent. Un plan fixe ou un traveling avant/arrière est toujours très bien géré : c’est propre au point de tenir la comparaison avec un appareil dédié. 

La démo « cinematic » d’Apple ne contient d’ailleurs qu’un seul traveling latéral. Le reste des plans est constitué de plans fixes et… de travelings avants et arrières !

Idem dans cette mise en scène signée Apple !

Ne boudons cependant pas notre plaisir ! Cet iPhone 13 Pro est une excellente caméra ! Avec un peu de précaution (lumière, mise en scène, composition du cadre,…), le smartphone d’Apple est tout à fait envisageable pour le tournage d’un reportage, un documentaire, un clip ou un court-métrage !

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